Avec une grande sincérité, la couture en chaîne est vraiment difficile pour moi. Je n'ai jamais réussi à produire des choses égales en grandes quantités. Même quand j'ai eu la demande de faire une vingtaine de poupées du même personnage, chaque poupée était finalement différente. (Tu te souviens, Bea?)
Et maintenant, avec la tête pleine d'inquiétude, avec mes enfants à la maison qui peuvent enfin avoir une présence différente de ma part, et que j'ai mille idées à mettre en œuvre en profitant du temps retrouvé, je me retrouve ici, pour des heures et des heures à coudre des masques. Tâche à laquelle je me suis porté volontaire sans hésitation et avec une joie sincère.
Et bien sûr, pendant que je couds, j'écoute de la musique, j'ai découvert de merveilleux livres audio de mes romans préférés, mais les heures sont longues ...
Pourquoi est-ce que j'écris ça? Parce qu'aujourd'hui, alors que je comptais les 200 derniers masques terminés pour la Région de Bruxelles, et que je m'ennuyais sincèrement avec eux, j'ai reçu les messages d'une amie, Valérie. Avec plein de photos des personnes à qui elle a donné mes masques! Et c'était une joie de voir ces regards derrière les masques. Une joie profonde! Comme si un ressort rebondissait en moi!
Ce n'est pas le moment de la réflexion, ni le temps de me consacrer à mon travail de création. C'est un moment où nous sommes tous confrontés aux mêmes incertitudes, questions, peurs, ... un moment étrange qui nous éloigne, mais nous tient ensemble. Il est difficile de s'exprimer sans toucher à la banalité ... Mais peut-être que vous me comprenez.
Maintenant, grâce au geste de Valérie et au don de personnes, dont beaucoup que je ne connais même pas personnellement, j'ai trouvé la force de continuer à coudre, et peut-être de voir le vrai sens de ce travail monotone.
En fait, ma note voudrait être un geste d'encouragement à chacun d'entre nous qui a une machine à coudre et qui sait l'utiliser au moins un peu, de s'asseoir tous derrière, et à procéder à la fabrication de masques. Pour le donner à tout le monde. Je sais bien que le masque seul ne suffit pas à protéger notre santé. Mais c'est un geste important de dire que nous prenons soin de tout le monde, connus et inconnus, et c'est peut-être tout aussi important pour protéger la santé de nos cœurs. (pardon pour le sentimentalisme, mais ça prend!)
Et c'est aussi une note de remerciement à ceux qui le font déjà, apparemment infatigable, mais en réalité alourdi par cette tâche inattendue. Et un immense merci à tous mes élèves qui, malgré leur jeune âge, travaillent à la maison et fabriquent également de précieux masques pour leurs familles et amis! La prochaine note sera entièrement dédiée à eux!
Que puis-je dire? Ces semaines et ces mois que nous vivons nous apprennent sans aucun doute à voir les choses différemment, et nous apprennent très nettement l'ordre des priorités. Ce qui pour moi, maintenant, c'est de continuer à coudre sans me soucier de la monotonie!
Merci les amis, et a trés bientôt! ... dès que j'aurai fini les 200 prochains masques pour la Commune d'Auderghem. Courage!