Je travaille généralement avec les enfants. Mais j'ai eu l'honneur d'avoir une demande de l'asbl La Forestière pour pouvoir entreprendre une collaboration continue et accueillir chaque mois un petit groupe de patients
Nous avons commencé en octobre 2018, nous travaillons donc dans l'atelier avec de jeunes adultes atteints de déficience intellectuelle. Dans leur cas, c'est un petit, mais très enthousiaste groupe. Jusqu'à présent, je n'ai jamais eu d'expérience dans ce domaine et, bien sûr, j'ai besoin de l'aide professionnelle constante de la fondation, en fait seule je ne pouvais pas le faire. Et quand je vois près leur professionnalisme, l'effort continu, et surtout l'amour avec lequel tous les employés de la fondation entourant leurs patients, je dois dire, ils méritent toute l'admiration, le respect et l'appréciation.
Et le travail que nous faisons avec ces jeunes est un voyage d'exploration vraiment intéressant. En raison de la particularité de leur état mental, ils exigent une orientation très différente du travail que je fais avec les enfants. Après plusieurs heures de travail ensemble, je commence seulement à comprendre maintenant comment les guider au mieux pour les rendre capables de travailler aussi indépendamment que possible. La difficulté en fait ne concerne pas l'exécution technique, mais le courage de s'exprimer. Faire quelque chose librement, sans suivre le modèle minutieusement.
Et le chapitre le plus intéressant est la création de poupées en tissu. La poupée (comme toute représentation de l'homme) est une représentation claire de la façon dont nous nous voyons. C'est un miroir incroyable de l'image que nous avons de nous-mêmes et de ce que nous aimerions être. Un jeu, mais c'est beaucoup plus. Faire une poupée, dessiner son visage, décider des proportions, choisir les couleurs de la peau, les cheveux, etc., c'est bien sûr amusant, mais c'est aussi un preuve, une rencontre intime avec l'image qui vit en nous. D'autant plus pour ceux qui, jour après jour, s'efforcent à chaque instant de sortir des profondeurs de leur esprit fragmenté. Créer une poupée devient alors une tâche sérieuse, il faut un effort pour créer une image unitaire, une représentation tangible de l'idée de soi.
Au début, je pensais que je verrais la vulnérabilité de leur travail. Mais j'avais tort. Dès la première rencontre les œuvres nées des mains de ces jeunes continuent à m'enchanter. Ils viennent à moi avec un grand sourire, commencent à travailler avec discipline et enthousiasme, et à la fin de la journée ils m'apprennent à apprécier encore plus le cœur pur avec lequel ils s'adressent au monde entier. En effet, leur travail ne reflète pas la faiblesse ou la douleur. Non! Au contraire: leur travail reflète la force, la persévérance et la foi, que tout peut être entier si nous avons les yeux pour voir l'intégrité des fragments ...