Ces dernières années, notre monde a connu un changement aussi radical et rapide que peut-être jamais auparavant dans l'histoire. S'exprimant en tant que professeur, un fossé important s'ouvre entre la connaissance du monde « avant numérique » et celui d'aujourd'hui, et les formes d'enseignement que les générations socialisées différemment de nos jeunes peinent visiblement à comprendre les justes formes adéquates qui peuvent encourager l'apprentissage.
Et si tout cela ne suffisait pas, les épreuves globales que nous avons vécues et que nous vivons encore nous ont mis devant des questions fondamentales sur l'approche avec laquelle nous pouvons toucher nos enfants confinés devant les écrans même pendant les cours ordinaires de l'école. ...
Nos jeunes ont besoin de communautés, de contacts, de vie sociale, ils ont certes besoin de toutes les bases possibles pour pouvoir s'orienter dans le monde globalisé et numérique, mais nos jeunes ont aussi besoin de réflexion, de trouver les ressources intérieures pour faire face aux situations de crise, de solitude , désorientation, peur....
Pour nous, à l'Atelier de couture magique, se réunir pour travailler l'aiguille est une forme de méditation, de ralentissement, de concentration créatrice, mais en même temps, c'est aussi un moyen de se retrouver entre amis, de parler de petites choses, ou peut-être de problèmes plus complexes qui nous touchent.
La naissance de notre ville "Patchwille" n'est pas le fruit d'une ferveur enthousiaste, ce n'était pas un chemin facile. Un travail que nous avons commencé mi-octobre avec beaucoup d'enthousiasme, mais qui a été immédiatement interrompu par le confinement en Belgique. Jusqu'en mars on travaillait à l'écran, mais seuls les plus passionnés ont réussi à garder l'envie d'avancer. Vous imaginez combien il est difficile pour des jeunes entre 7 et 12 ans de coudre seuls devant un écran, privés du meilleur de cette activité, c'est l'échange joyeux et ludique que nous avons lors des cours de couture. Puis finalement à partir d'avril, nous avons pu nous rencontrer et terminer le projet ensemble.
En regardant le travail fini, c'est vraiment un "Patch-work" dans le sens le plus symbolique de tous. Un monde reconstruit à partir de petits morceaux, et chaque petit morceau de tissu est un fragment du monde que nous connaissions avant l'effondrement causé par la pandémie "qui s'est effondré". Mais cousu avec les autres, c'est un geste d'espoir, de reconstruction, de confiance en un avenir, qui peut être, qui doit être « idéal ». Ou du moins selon les artistes-créateurs de cette ville de tissus.
Pour la réalisation nous avons utilisé au maximum des matériaux recyclés et naturels, nous avons eu carton enduit à usage domestique, et réutilisé d'anciens objets de couture, boutons etc.
Les techniques sont : beaucoup de broderie à la main, diverses techniques de patchwork, et de la couture en piqué libre.
L'intervention des adultes était limitée, quelques élèves plus expérimentés ont offert un peu d'aide au montage.
S'il vous plaît, accueillez notre création et les jeunes créateurs que j'ai l'honneur de présenter sur les photos, admirez les petits détails, méticuleusement soignés, pleins d'histoires inventées, de petites-grandes idées, de personnages cachés : c'est notre message d'espoir pour trouver le monde idéal aux mille couleurs, en équilibre entre passé, présent et futur.